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Chine : Une agriculture saine sans pesticides

Dang Jiuru sourit en montrant une pomme cueillie dans son verger. © Luo Yi / PNUD Chine

Dang Jiuru sourit en montrant une pomme cueillie dans son verger. © Luo Yi / PNUD Chine

Dang Jiuru, 70 ans, rêvait d’envoyer son petit-fils à l’université, mais jusqu’à récemment, cette ambition semblait irréalisable. Le verger de pommiers qu’il possède dans le comté de Luoshuan, dans la province du Shaanxi, ne lui rapportait tout simplement pas assez. Mais deux ans à peine après s’être résigné à ne plus utiliser de pesticides toxiques à base de DDT, les fonds qu’il met de côté pour les études de son petit-fils grossissent presque aussi vite que ses pommes.

Produire des fruits de qualité

Avec une altitude moyenne de 1 100 mètres et un sol riche en minéraux, cette partie du plateau de Lœss réunit toutes les conditions pour faire pousser des fruits de qualité. Malgré cela, comme la plupart des fermiers de sa connaissance, Dang croyait devoir recourir aux produits chimiques pour protéger ses fruits des acariens qui prolifèrent dans le climat de mousson semi-aride de la région.

« Si vous m’aviez demandé de renoncer aux pesticides il y a quelques années, je me serais contenté de sourire et j’aurais continué à en asperger mes arbres, explique-t-il. Je croyais que je ne pouvais pas me permettre d’arrêter et que je n’avais pas d’autre moyen de préserver mon revenu, alors qu’en réalité, c’était tout le contraire. »

Capables de détruire des colonies entières d’acariens, les pesticides au DDT constituaient pour les fermiers une solution rapide, efficace et bon marché. Ce que Dang ne savait pas, c’est que ces produits censés protéger les moyens de subsistance familiaux l’empêchaient en réalité de vendre ses pommes plus de 2 yuan le kilo (0,30 dollars).

Du fait de traités internationaux comme la Convention de Stockholm, qui visent à restreindre l’utilisation du DDT, et en raison de normes sanitaires et de sécurité plus strictes dans d’autres pays, les marchés étrangers, bien plus profitables, restaient interdits à Dang tant qu’il continuait à utiliser ce pesticide.

Les polluants organiques persistants

Avec la mise sur pied de trois projets pilotes et de cours donnés par des experts nationaux et internationaux, Dang fait partie des 100 000 agriculteurs, provenant de trois provinces différentes, qui reçoivent chaque année une formation pour adapter leurs techniques agricoles aux conventions internationales et aux normes commerciales. Ce projet conjoint, qui s’étale sur quatre ans, a été lancé par le PNUD et le ministère de la Protection de l’environnement chinois. Avec un financement de six millions de dollars fourni par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), le projet aide également les agriculteurs à ne plus dépendre de ce qu’on appelle les « polluants organiques persistants », dont fait partie le DDT et qui entraînent de sérieuses complications médicales en cas de contact avec la peau.

Les nouvelles techniques de contrôle des organismes nuisibles sont très simples pour la plupart : on peut faire pousser de l’herbe à la base des arbres pour fournir un habitat aux prédateurs naturels des acariens, par exemple. Il y a aussi des technologies plus complexes, les experts du PNUD donnant des conseils scientifiques et biologiques sur l’introduction prudente de nouvelles espèces d’acariens prédateurs dans les écosystèmes locaux. Malgré le considérable investissement que cela suppose en termes de temps et de gestion, ces techniques ont suscité un vif intérêt. Beaucoup d’agriculteurs ont déjà terminé leur apprentissage et sont devenus eux-mêmes formateurs dans le comté de Luoshuan, où se situe l’exploitation de Dang.

Les normes de production agricole internationales

Les provinces du Hubei et du Shandong ont connu une réussite similaire. Des milliers de producteurs d’agrumes et de coton ont renoncé aux pesticides à base de DDT pour adopter des pratiques agricoles plus saines et plus durables.

Au fil du temps, les agriculteurs ont pris l’habitude de noter la productivité de leurs nouvelles méthodes de culture dans des carnets personnels, ce qui permet aux communautés de surveiller la qualité des produits et de prendre des mesures préventives. Ces efforts ont été appuyés par des centres de contrôle et de prévision, et une station a été installée pour mesurer les résidus des pesticides et donner des directives régulières conformes aux normes de production agricole internationales.

Dans le respect des dispositions de la Convention de Stockholm, le projet a permis de réduire la quantité de DDT libérée dans une usine du Jiangtsu et de fermer les chaînes de production de deux autres usines à Hubei et à Shandong. Il a ainsi permis une réduction annuelle de 180 tonnes d’émissions de DDT et de 350 tonnes de déchets toxiques pendant la production.

Du fait de la moindre utilisation du DDT sur les 300 kilomètres carrés de vergers de Luoshuan et grâce aux nouvelles techniques acquises par les fermiers, la production annuelle de pommes a atteint 700 000 tonnes, soit l’équivalent de 3,5 tonnes par personne pour les 200 000 habitants du comté. Les pommes de meilleure qualité se vendent désormais à 6 yuans le kilo (0,9 dollars).

Quant à Dang, devenu formateur à son tour, il s’apprête à rejoindre le nombre grandissant de producteurs qui vendent leurs pommes sur les marchés européens. Qui pourrait l’en blâmer, alors que sa récolte lui rapporte, à lui et à sa famille, douze pour cent de plus par hectare que l’année précédente? Ce dont il est certain, en tout cas, c’est que les produits chimiques, c’est bel et bien fini pour lui.

Rédacteur: Adam Pitt, assistant chargé de la communication pour le PNUD en Chine
Programme des Nations Unies pour le Développement
[via]  notre-planete.info

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